A trois de mes belles sœurs : A partir d’une idée de Raphaëlle.

 » Pourquoi ne lui a-t-on pas laissé prendre son Aston ?  » peste-t-il. Ce taxi londonien avance avec un flegme tout… britannique. C’est une qualité que James entretient en toutes circonstances. Toutes, sauf… quand il s’agit de conduire. Débuter cette nouvelle mission « Happy & Glorious » depuis un fauteuil passager relève de l’humiliation. Mais l’image du royaume est en jeu(x).

Les grilles aux ferronneries monumentales de Buckingham s’ouvrent pour eux. Son chauffeur n’a décidément aucun esprit d’aventure. Les graviers ratissés avec la rigueur de l’étiquette auraient pu gicler en une gerbe magnifique et signer leur arrivée d’un énergique coup de frein à main, au lieu de quoi, le taximan y dessinent un bel arc-de-cercle qui vient tangenter parfaitement le perron du palais. Avec déférence, il ouvre la portière arrière à l’agent qui jaillit sans un regard de remerciement. Résolu, James enjambe les marches, sans rajuster son smoking qui malgré le long trajet tombe impeccablement, sans un pli, ni un grain de poussière. Ne porte pas le costume infroissable de « Bond » qui veut !

Ses pas décidés sont feutrés par l’épais tapis rouge qui le guide au travers des couloirs. Un chambellan l’attend. L’évènement est majeur : cela fait cinq décennies qu’il joue sa vie sur tous les terrains du monde pour elle mais ils vont se rencontrer pour la première fois. Il entre. Elle écrit. Impassible, il attend. Vesper, Jinx, Wai Lin et toutes les autres n’auraient jamais eu le goût de porter la robe rose bonbon à fleurs de dentelles qui habille Elisabeth. Mais quand la James Bond Girl est la reine elle-même, le rôle principal est inversé et le dress-code change. D’un raclement de gorge, il attire son attention. Elle se retourne. Leurs regards se croisent : en cinquante ans de bons et loyaux services, James a changé de visages mais n’a pas pris de ride, quant à elle… Qui a bien pu la convaincre à son âge d’accepter cette épreuve hors-catégorie ? Peut-il y croire ? Qui de lui ou d’elle représente la réalité de l’Histoire ?

Royalement, elle le suit jusqu’à l’hélicoptère qui les attend toutes pales sifflantes. L’enjeu(x) est tellement exceptionnel que les autorités civiles ont dégagé le ciel de Londres pour qu’ils puissent survoler en rase motte la capitale, au centre de l’attention internationale. En suivant la Tamise, c’est soixante ans de règne qui défilent et l’Histoire du pays : Big Ben, Tower Bridge, London Eye,… La statue de Churchill semble saluer l’importance de ce qui va se vivre. Depuis le Blitz durant lequel le courage d’Elisabeth avait été reconnu par le monde entier, la gloire de la couronne a-t-elle été mise autant en jeu(x) qu’aujourd’hui ?

Elle ne faillira pas. Même à quatre-vingt six ans… Ils approchent de la cible. L’hélicoptère se stabilise. Tout est en place. Elle saute. James après elle. Les deux parachutes aux couleurs de l’Union Jack s’ouvrent.

Quelques secondes après, avec 500 millions de téléspectateurs qui ont suivi sur écran cette arrivée mythique dans le stade olympique, les 80 000 personnes qui y sont assemblées se lèvent pour accueillir Sa Majesté la reine en personne.

Les Jeux Olympiques de Londres 2012 peuvent ouvrir !

atelier Bric à book #289

La reine Elisabeth II tient pour la première fois son propre rôle dans une fiction, réalisée avec Daniel Greig, incarnant le 007 du moment pour la cérémonie d’ouverture des JO 2012. Deux doublures ont sauté à leur place !

Voir le film de 6 min : Happy & Glorious