Nature, berce-la chaudement, elle va prendre froid.
Prends-en soin de cette enfant allongée sur tes feuilles.
Que crois-tu ? que cette fillette étendue soit à sa place ?
Ne te rends-tu compte de rien ? Vraiment ?
Regarde alentour : fouille les fourrés, sonde le ruisseau, soulève la rocaille. Ecoute l’air, perçoit le temps qui défile, discerne les bruits.
N’observes-tu pas l’étrangeté de sa situation ?
Je t’en prie, ne te réjouis pas trop de la confiance qu’elle te fait en s’abandonnant ainsi en tes mains, ne t’attarde pas à son sourire espiègle, à cette aise qu’elle affiche. Ne te laisse pas abuser par ce brin d’herbe qu’elle tient comme une baguette de fée, il ne lui donne aucun pouvoir.
Nature, sois attentive, elle est seule. Souviens-toi que le petit d’homme ne doit pas l’être en ton sein.
Ne te flatte pas de la dentelle blanche de sa robe, elle ne l’a pas mise pour toi. Cette pureté immaculée, veille à ce qu’elle ne soit pas souillée de ta terre grasse et épaisse.
Ses cheveux flamboyants éparpillés au sol auréolant son visage innocent, n’y agrippe pas tes ronces, offre-lui le coussin de ta mousse.
Ne t’arrête pas à cette image angélique et pénètre le cœur et l’esprit de cette enfant : tout y est simple… un peu trop… Inquiète-toi, s’il te plaît, avant qu’elle ne panique : cette fillette est perdue. Il t’a plu tout à l’heure de la voir suivre ce papillon, quittant la noce où les autres de son âge ne jouaient pas avec elle. Tu as cru, naïvement peut être, que ta faune lui offrirait des compagnons mais la pauvre insouciante s’est enfoncée trop avant.
Nature, veille-la tendrement. Sa famille, leurs amis ne se sont pas encore aperçus de son absence, ils n’alertent personne, ne hurlent pas son nom au vent. Elle est loin mais ils ne le savent pas. Il sera temps bientôt, quand le soir tombera, d’éloigner les bêtes, les rodeurs et les ombres pour que vite, ils la retrouvent avant qu’il ne lui arrive du mal.
photo : © Matheus Ferreira
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Je participe à cet atelier pour progresser alors n’hésitez pas à commenter sincèrement pour faire la chasse à toutes faiblesses, erreurs, longueurs, fautes d’orthographe… Merci de votre honnêteté.
Je suis simplement bouleversée par ce texte. Il m’a fait frissonner. De bon matin, c’est dur 😉
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j’avais certes l’intention d’inquiéter un peu mais… pas trop… Dans ma tête, on la retrouve avant la nuit… tout va bien !
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Un texte qui fait froid dans le dos tant il donne à penser à des faits d’actualité atroces. Très bien écrit, bravo.
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Pas de panique… elle s’en sort ! Je n’avais pas pensé à l’actualité. Ce serait de mauvais goût de ma part. (Mais j’ai peut être été influencée malgré moi…)
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Mon petit cœur de maman se serre en lisant ce texte, très juste comme d’habitude…
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Bon, ça va.. Si dans ta tête elle s’en sort, ça me rassure. Car ton texte commence comme finit le Dormeur du Val. Ca ne laissait pas beaucoup d’espoir… En tout cas, un texte très attachant et très émouvant..
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merci. J’ai effectivement « plagié » le vers du Dormeur du Val pour mettre un peu l’ambiance…
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Un texte poignant…sous forme d’avertissement qui rend l’atmosphère pesante et nous laisse craindre le pire. Une belle idée pour un beau texte !
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Si la nature la triture, c’est dur. Qu’elle la cache puis la relâche, ce serait plus sage ! 😌
Merci Blandine pour ce texte ! Pour ma part, je comprends avec les derniers mots qu’elle s’en sortira. « ils la retrouvent avant qu’il ne lui arrive du mal »..
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Ça me rappelle l’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin.
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c’est vrai, un peu… mais ma petite fille ne se fait pas manger par le loup !
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Magnifique! Cette matière de faire naître l’angoisse chez le lecteur est particulièrement réussie. Une personnification de la nature dotée d’un discours adréssée à elle(la nature) sous forme d' »avertissements » (merci Jos. C’est exactement cela !)… Ouah! Quelle atmosphère!
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Oups… Rhhh le smartphone (manière/adressé)
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🙂
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Simplement IMPRESSIONNANT….
Mister Philou
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Très joli texte, délicat. Un ton qui cherche à rassurer. Dans un deuxième temps, je me dis qu’il y a encore en chacun de nous l’enfant perdu dans son innocence…
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Je ne vais que me répéter par rapport aux autres commentaires, mais moi aussi j’ai eu peur pour cette petite, elle m’a rappelé des faits dramatiques qui ont fait l’actualité. Un message d’alerte très bien écrit, merci pour ce moment (certes un peu angoissant) de lecture 🙂
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Ce serait rassurant si la nature pouvait prendre soin de nos enfants égarés, et remplir leur couche d’un instant de coussin de mousse, c’est émouvant cette belle idée, comme une mise en garde, pour les parents, parfois négligents.
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Bonjour Blandine,
MERCI pour ce joli texte… que je trouve juste.. Juste car tu as humanisé la nature… Tu donnes à la nature un pouvoir…. Pouvoir de veiller sur un petit être fragile.. ou pouvoir de le détruire…
Ca pourrait faire penser à de la science-fiction car la nature ne possède pas ce pouvoir…. Et pourtant… et pourtant, la nature est source d’une générosité extraordinaire envers nous. Sans nature, pas de vie….. Donc nous devon beaucoup à la nature… Nous lui devons tout…
Et ce texte me rappelle qu’il est donc important de la respecter…. Sans elle, je ne suis rien…
Alors Blandine, MERCI pour ce rappel…
Bises journée…. Mister Philou
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Joli conte !
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Un texte du 15 avril… Et depuis ? Nous sommes maintenant le 15 décembre… Huit longs mois d’attente… Des lecteurs aux abois, … Une œuvre se profile t elle à l’horizon? … Si l’horizon n’est pas trop trop loin, alors je vous pardonne !… Même si de longues files d’attente aux abords des libraires ne sont pas à exclure lors de la sortie pour avoir les premiers exemplaires… Bon, bref, je pose la question que tout le monde se pose mais que personne n’ose exprimer : à quand la prochaine lecture ?… Non mais !
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