Une énième goutte de sueur roule et trace une coulée claire sur le front encrassé de poussières d’Elisabeth, traverse son sourcil droit déjà saturé de sel et d’humidité ambiante, puis tombe dans l’œil. Elisabeth essuie d’un revers de manche son visage :

« Aaaah ! P… de m…. J’en peux plus, là !!! »

Des zébrures sanglantes raillent sa joue. Epuisée, elle n’a pas fait attention aux épines fichées dans le tissu de sa veste. Alertés, les membres de l’équipe du professeur Jones stoppent net leur progression.

« OK, on fait une pause »

Le professeur en archéologie prend à part son assistant :

« Je vous avais dit : pas de femme pour ce projet. Pas de femme !

– oui mais si nous découvrons le site en premier, il nous faudra résoudre les énigmes des sigles gravés que seul un expert de la dynastie des Fu-Zang-Lang pourra traduire. Elle est titulaire de cette chaire. Vous le savez comme moi : elle nous est indispensable.

– c’est exact mais elle nous fait perdre un temps précieux. J’ai fait un point sur la carte. D’après nos hypothèses, nous devrions trouver les ruines du dragon dans 4 heures. Je vous laisse 10 minutes de pause et on repart. Profitez-en pour rappeler les consignes à l’équipe. Nous devons observer la plus grande prudence. Nous ne sommes pas les seuls à convoiter ce trésor. C’est la guerre ! »

Après avoir repris des forces, le groupe reprend sa marche lente, les uns derrière les autres. Chacun se relayant en tête pour tailler à la lame un sillon dans l’épaisse végétation.

…..

« Là ! Voyez : le globe céleste ! » chuchote l’assistant fasciné.

Ils arment leurs fusils. L’équipe se positionne suivant la stratégie d’approche qu’ils ont répétée dix fois ensemble : Fred sur le flan gauche, Anton à droite pour couvrir Arno qui rampe droit vers la gueule gigantesque du dragon… Bien entrainé, aucune feuille ne crisse sous son corps. A quelques pas de l’ouverture béante, il se redresse prudemment pour franchir, courbé, la marche de pierre que forme la langue tirée du monstre.

Soudain : PAW !!!

Les hurlements des oiseaux réveillés par la détonation couvrent ceux des compagnons d’Arno. Abattu au sol… Il a été touché en plein front…

Arno se redresse, passe rapidement sa main sur la dégoulinade verte qui glisse le long de son nez. Verte ? pas bleue ?

Il crie : « Peinture verte ! Attention les gars, c’est l’équipe d’Henrich qui est arrivée avant nous et pas celle de Giuseppe comme nous le craignions ! ».

Un combat de paint-ball commence.

Les compagnons d’Elisabeth sont marqués de vert les uns après les autres. Plus prudente, elle résiste longtemps mais elle est finalement atteinte à l’épaule. Selon le règlement, elle ne pourra donc pas résoudre l’énigme du trail-trophée des universités européennes d’archéologie, organisé par le tout nouveau et gigantesque parc d’attractions « monstres antiques ».

Atelier d’écriture #282 Bricabook


Je participe à ces ateliers pour progresser alors n’hésitez vraiment pas à me faire des critiques constructives (longueurs, maladresses, orthographe, intérêt/originalité de l’histoire…) et puis des compliments : j’adore ça !